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Famille / Voyages

Découvrir le monde en famille — un plat à la fois

C’est une histoire tout à fait familière en cette ère de blogging et de vlogging : le jeune dans la vingtaine tourmenté qui décide qu’il mérite plus que le paysage vu depuis son poste de travail modulaire. Il quitte d’abord son travail puis vend ses biens mondains. Après quelques mois sur la route, il devient un expert – un blogueur voyage – et commence à travailler son image et sa marque.

Le nombre de ses adeptes sur Instagram augmente de façon cohérente et organique : ils apprécient les articles liés au voyage et les photos exaltant des paysages pittoresques que la plupart d’entre nous ne visiterons que dans nos rêves. Ses publications inspirent et émerveillent tout en invoquant un sentiment de malaise : le boulot, l’hypothèque et les enfants qu’on aime tant, ça commence à faire lourd. Se pose donc la question suivante : ce mode de vie « vagabond » peut-il être vécu par quelqu’un d’autre qu’un jeune célibataire ?

Naomi Duguid and Jeffrey Alford

Naomi Duguid et Jeffrey Alford

Avant l’essor du blogue personnel et des médias sociaux, à l’automne 1985, Jeffrey Alford et Naomi Duguid avaient des pensées similaires. Plus précisément, âgés de 31 et 35 ans, ils réfléchissaient sur la façon dont ils pourraient se permettre de vivre « une existence ouverte sur le monde » tout en ayant une famille. Ils ne s’étaient rencontrés que quelques jours auparavant sur le toit d’un dortoir à Lhassa, au Tibet. Dix jours plus tard, Naomi écrivait une lettre de démission au cabinet d’avocats où elle été associée et se lançait à travers la chaine de Himalaya sur un vélo de montagne avec Jeffrey, un « chercheur de vérité » avec une Maîtrise en écriture créative. Ils se sont mariés quelques mois plus tard et ont accueilli le premier de leurs deux fils peu de temps après.

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Le marché à Hpa’a, la capitale de Karen, Myanmar (photo by Naomi Duguid)

Ce qui aurait pu être un simple récit de la façon dont ils se sont rencontrés est devenu leur mode de vie. Le couple a commencé à écrire à propos de leurs voyages en vélo et plus tard, inspirés par l’obsession avec la nourriture et la cuisine de Jeffrey ainsi que l’amour pour la photographie de Naomi, ils ont vendu leur premier article à Bon Appétit en 1988. L’article Delicious Asian Flatbreads inspire leur premier livre de cuisine Flatbreads and Flavors: A Culinary Atlas et ouvre la voie à une carrière passionnante comme anthropologues culinaires.

Ils épousent les principes de la vie bohème. Liés par leur amour pour le continent asiatique, ils ont décidé dès le début que leurs futurs enfants les accompagneraient dans leurs voyages et donc « pendant la plus grande partie de 15 ans, ils voyageaient avec les garçons dès Novembre : avec les livres et les devoirs, les Beanie Babies et les blocs Lego, et les ramenaient à l’école fin janvier. »

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Femme repiquant les jeunes plantes de riz à Karen, Birmanie (photo par Naomi Duguid)

Leurs fils, Dominic et Tashi, ont visité plus de 25 pays et s’empressent de raconter des anecdotes de voyage allant du nostalgique (comme un tour de moto de Cholon à Saigon à l’âge de deux ans, ou Tashi faisant son premier pas à Tafraout), ce qu’ils considèrent les « moments amusants » (étant abandonnés sur une piste d’atterrissage sombre en dehors de Taunggyi, en Birmanie) à l’effrayant (comme la fois où Tashi a dû être sauvé d’un champ de mines).

La famille Duguid-Alford a voyagé loin et par n’importe quel moyen disponible : que ce soit en marchant, faisant le pouce, par un bateau fluvial, un bus de montagne ou par voiture de location. Même en compagnie des enfants, ils voyageaient avec la mentalité d’un routard.

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Une femme portant des beignes sur la tête à Kalaw, Birmanie (photo par Naomi Duguid)

 

Sur une période de 24 ans, Jeffrey et Naomi ont publié six livres de cuisine exaltant les richesses des cuisines lointaines de l’Asie du Sud-Est au sous-continent indien, la région culinaire persane et plus encore. Leurs livres jouissent d’une reconnaissance internationale, leur permettant de tenir la promesse formulée de nombreuses années auparavant «écrire pour voyager, et non l’inverse» – en famille.

 

Remarque : Ce billet de blog (et toutes les citations) est inspiré d’un article publié par le New York Time et rédigé par Jane Kramer. Vous pouvez le lire ici.